Quelques critiques 2
(suite)
Textos ardents… l'amour sous emprise maléfique, théâtre de Bernard Anton
« Les amoureux sont seuls au monde », dit-on… mais pas dans cette nouvelle pièce de Bernard Anton, où le dieu grec de la mort, Thanatos, suit d’un peu trop près le moindre développement d’une enivrante relation…
Lucia, professeure d’espagnol de passage pour quelques mois à l’étranger, fait la connaissance de Norbert, un poète et traducteur. Les deux collaborateurs tombent vite éperdument amoureux. De textos romantiques en textos toujours plus audacieux, ils se rapprochent, à mesure que la fièvre du désir grimpe en eux. Jusqu’à déclencher une passion intime qui soudera leurs corps l’un à l’autre dans une exploration sensuelle et amoureuse sans précédent. Sur tous les plans : émotionnel, sexuel, spirituel, cet amour les unit, les nourrit, les transporte et les comble.
Maître du destin final de toute vie et cause inévitable de trépas, Thanatos se sent remis en question par la puissance d’un tel sentiment amoureux. Même s’il a, d’un claquement de doigts, le pouvoir de mettre instantanément fin à leur existence, un doute se glisse dans son esprit. Et si un tel amour devait permettre à ces deux âmes de lui échapper ? Une passion pure, respectueuse et sincère, comme la leur, permettrait-elle de transcender toute contrainte, voire, de les faire accéder à une forme d’immortalité spirituelle ? La chose serait une véritable insulte pour ce dieu antique. Lui qui s’est toujours cru, jusqu’ici, tout-puissant ; apte qu’il est à emprisonner les âmes dans son infernal royaume, duquel aucune ne s’est jamais vraiment échappée.
Les laissant vivre pour le moment, Thanatos sollicite sortilèges et malédictions, se met à faire pleuvoir problèmes et défis, toujours plus intenses, sur ces amants épanouis et heureux. Constamment, il met à l’épreuve la force et la durabilité du lien qui les unit. Pourtant, en dépit des tourments que ses machinations causent sans répit, la résilience du couple tient en échec, à sa grande surprise, les maléfices dont il les accable tour à tour. Mais Thanatos n’a pas dit son dernier mot, et entend bien multiplier ses stratégies, recourir à tout son puissant arsenal surnaturel, s’il le faut, pour anéantir ce couple qui, sans le vouloir, le tourne en dérision…
La passion sincère qui unit Norbert et Lucia leur permettra-t-elle de déjouer les redoutables et fatidiques manœuvres de Thanatos ? Leur santé, leur amour, leur joie de vivre survivront-ils, face à tant de malédictions successives ? Les amants parviendront-ils à transcender la mort, ou la faucheuse aura-t-elle, comme depuis toujours, le dernier mot ?
D’une appréciable richesse poétique, Textos ardents est un drame aux dialogues émouvants et bien tournés, à l’action pleine de tendresse et se sensualité. L’intrigue regorge de suspense et de rebondissements inattendus. De scène en scène, l’éternel combat de l’amour et de la mort se perpétue, et saura vous tenir en haleine, du début à la fin !
Martin Mercier, PhD
Fondateur du Centre de création scénique
aru dans Lire, Rêver et Partager, 22 avril 2025
Jouvenceflore de Bernard Anton : cadeau de grâce pour l'âme
« Quel cadeau de grâce pour l'âme ne nous as-tu pas offert ! MERCI !!! Le regard que tu poses sur le monde, la société, la Nature... m'a beaucoup étonnée.
Aucune pitié pour l'humanité dévastatrice. Tu donnes une parole aiguisée et tranchée à la Nature. Ta présence lucide, face au monde arrogant et irrespectueux, s'inscrit aujourd'hui, presque trop tard, tel le cri d'alarme que peu d'entre nous ne veulent reconnaître comme réel.
Si les effets bénéfiques de cette magnifique pièce résonnent encore, le travail magistral des interprètes y est assurément pour beaucoup. Quelle belle lecture-inspirante ! Ils ont réussi à transcender le texte, sont entrés dans l'espace du jeu en nous prenant par la main.
Merci encore ! »
Marie Pelletier, compositeure
paru dans Livres du Québec, le 2 mai 2025
Franchir le voile, à quel prix ?
Entretien avec Ma Premo après avoir vu Jouvenceflore de Bernard Anton
Ma Premo (MP) : Cette pièce de théâtre est superbe, magnifique. J’aime bien le parallèle et la complémentarité entre les 2 Tom. Leur rencontre n’est pas fortuite. Elle est écrite dans les étoiles. Leur rendez-vous est planifié pour la floraison de Jouvenceflore. De plus, la langue si poétique de l’auteur, c’est du génie…
Bernard Anton (BA) : Leur histoire évolue vite et devient tragique !
MP : Les 2 Tom n’échappent pas à leur destin. Même s’ils décident ou pensent qu’ils décident de leur sort en optant pour la jeunesse ou pour la richesse, ils ne décident pas.
BA : Mais c’est fataliste !
MP : Impossible de faire autrement que d’embrasser sa destinée avec les vagues qui donnent le vague à l’âme. Les êtres humains ne sont pas maîtres de leur avenir.
BA : Ils ne peuvent pas choisir ?
MP : Ils choisissent, mais ce n’est pas dit que ça va être ça. Ils peuvent rêver de rajeunir. C’est important de rêver… Il y a une force intérieure qui nous maintient jeunes. La jeunesse, c’est la capacité d’émerveillement. C’est l’amour, le rire. Cela garde jeune ! Ils peuvent fabuler, tant qu’ils le souhaitent… Ce serait trop facile si ça se passait comme ça !
BA : Et pourquoi pas ? N’est-ce pas une vision pessimiste ?
MP : Ils perdent leur vie à inventer et à réinventer la vie, alors qu’il faut la vivre. Il faut juste apprendre à vivre sa vie, comme à vivre sa mort. Tu embrasses la vie et tu embrasses la mort qui est inévitable. Ce n’est pas plus compliqué que ça.
BA : Que trouves-tu d’important dans cette pièce ?
MP : Ce qui est important, c’est de partager ses aspirations, ses rêves, ses désirs. Ils se débattent avec leurs croyances et leurs vœux. Ils se débattent contre le vieillissement, les dettes et la mort. Il faut apprendre à lâcher prise. De toute façon, ils ne peuvent pas lutter contre la mort. Ils ne peuvent que l’embrasser. De même pour le vieillissement.
BA : Crois-tu dans le miracle de rajeunir ?
MP : Ils rajeunissent, oui. Mais ils meurent après. Le miracle, qui correspond à leur souhait le plus cher, ne dure pas longtemps. Le plus grand miracle, c’est le miracle de vivre ! Leur instinct de survie les fait crier, hurler, appeler au secours… Une force intérieure formidable les incite à tout faire pour éviter l’abîme.
BA : La Nature nous guérit !
MP : La Nature peut, certes, nous insuffler son énergie de vie et arrêter le processus de mort. Le serpent, symbole de guérison, vient justement les guérir de leur illusion. C’est la réalité ! La révélation de la vraie identité de la fleur éveille leur conscience. L’expérience de l’illumination est alors tellement puissante. Ils meurent, mais les portes s’ouvrent pour eux. Ils franchissent le voile. Léo Ferré chante : « La mort est la sœur de l’amour. C’est la beauté, c’est l’éclair vif... »
BA : Et la fin ?
MP : La fin est très belle. La Nature reprend ses droits, libérée de ses prédateurs. Tout se remet à piailler, librement, « sans entraves ».
paru dans La fureur de lire
17 mai 2025
Paix ensanglantée, quatrième opus de Bernard Anton PhD après sa trilogie sur l’Ukraine, surgit dans un contexte où la guerre impose, encore une fois, une urgence humaine et poétique. Ce recueil se place dans la continuité engagée de l’auteur, déjà connu grâce à Lauriers pour l’Ukraine (2022), Anathema sur l’usurpateur (2023), et Déconfiture des escobars (2023).
Une formule haïku au service d'une cause vitale
Bernard Anton invoque la forme exigeante du haïku — concise mais vibrante — pour porter témoignage des souffrances civiles, de la résistance et de l’urgence de la paix. Fidèle à un art bref et aux images puissantes, l’auteur tisse une poétique de l’instant, éclairante et bouleversante, capable de réveiller en quelques mots intenses (17 syllabes seulement) les consciences assoupies.
Un fou seul décide/de la mort et de la vie/les astres refusent
Engagement littéraire : de l’utopie à l’action
À travers ses vers, Bernard Anton ne se contente pas de décrire l’horreur, il incite à la responsabilité collective. Sa plume se fait arme pacifique, un antidote à la brutalité, visant à réveiller une lucidité humaniste chez ses lecteurs. Loin de l’indifférence ou du souci purement esthétique, l’acte poétique devient colère sacrée, et geste de soutien pour la démocratie, la survie d’un peuple. Ces poèmes se révèlent ainsi un ardent appel à la paix véritable.
Les oiseaux blessés/les astres, la mer, le vent/réclament la paix
La force d’un parcours
Professeur retraité et prolifique, Bernard Anton a bâti une œuvre étendue — plus de cinquante publications — traversant différents genres et formes (poésie, roman, théâtre, essais, matériel pédagogique…). Il est salué dès ses débuts pour son humanisme et qualifié de « magicien des mots » pour sa maîtrise du langage. Il est également l’instigateur du prix Mur de l’Espoir, dédié au haïku.
Une cascade littéraire qui se suit
Avant Paix ensanglantée, Bernard Anton a publié trois ouvrages consacrés à l’Ukraine. Ses haïkus sont saisissants, alliant solidarité et espoir. Ses écrits dénoncent l’invasion tout en offrant des images poignantes et porteuses d’émotion. Sa pièce de théâtre Déconfiture des escobars poursuit aussi un engagement artistique et humaniste en faveur d’une paix juste et équitable.
Couverture : l’image au cœur du message
La page de couverture du recueil Paix ensanglantée, conçue par l’auteur via intelligence artificielle et retouchée, illustre l’amour pour ce pays ravagé. On s’entend s’exclamer spontanément « Ukraine mon amour ! ». Un grand cœur composé de fleurs aux couleurs du drapeau ukrainien, agencé selon le style d’artefact slave, occupe l’ensemble de l’illustration, symbolisant l’amour et la résilience. Une colombe de paix jaune rayonne au milieu et donne encore plus d’espoir aux amateurs d’art et de poésie. Cette image poétique et positive propose un prélude visuel au propos poétique. Elle prépare le lecteur à la sensibilité et à la profondeur du recueil.
Après les orages/le maïs et l’orge debout/le blé à nouveau
En guise de conclusion
Paix ensanglantée s’impose comme une nouvelle étape dans l’engagement littéraire de Bernard Anton. Réunissant la forme littéraire du haïku, la force de conviction et la densité émotionnelle, ce recueil délivre un message clair : la paix, fragile et précieuse, doit être portée et protégée par une conscience collective vigilante.
La poésie, médium brandi contre la guerre, devient avec ce recueil émouvant un instrument de mémoire, d’espoir et de renaissance.
Imposer la paix/revendiquer la justice/rêve du rosier
Voir Portfolio : paixensanglantee.com
Adel Yxir
20 août 2025
https://www.mhentertainment-shop.fr/post/paix-ensanglantee
Bravo pour Paix ensanglantée, recueil de haïkus qui décrit autant qu’il décrie les tristes conséquences de la guerre, ses motivations suspectes, la soif de pouvoir de dirigeants souvent despotiques qui la conduisent.
On y lit les souffrances de peuples souvent impuissants face à des horreurs dépendant de forces qui les dépassent. Ils subissent l'impact de décisions sur lesquelles ils n’ont pas grand contrôle. À n'en pas douter, ces petits poèmes risquent d’en faire réfléchir plus d’un.
La finale constitue une belle ouverture, en offrant une note d’espoir, anticipant la chute de certains tyrans, pour les plus grands bienfaits des peuples opprimés, alors libérés d'un tel joug néfaste.
Martin Mercier, PhD
Fondateur du Centre de création scénique
paru dans Livres du Québec, 5 sept. 2025
Textos ardents… l'amour sous emprise maléfique, théâtre de Bernard Anton
« Les amoureux sont seuls au monde », dit-on… mais pas dans cette nouvelle pièce de Bernard Anton, où le dieu grec de la mort, Thanatos, suit d’un peu trop près le moindre développement d’une enivrante relation…
Lucia, professeure d’espagnol de passage pour quelques mois à l’étranger, fait la connaissance de Norbert, un poète et traducteur. Les deux collaborateurs tombent vite éperdument amoureux. De textos romantiques en textos toujours plus audacieux, ils se rapprochent, à mesure que la fièvre du désir grimpe en eux. Jusqu’à déclencher une passion intime qui soudera leurs corps l’un à l’autre dans une exploration sensuelle et amoureuse sans précédent. Sur tous les plans : émotionnel, sexuel, spirituel, cet amour les unit, les nourrit, les transporte et les comble.
Maître du destin final de toute vie et cause inévitable de trépas, Thanatos se sent remis en question par la puissance d’un tel sentiment amoureux. Même s’il a, d’un claquement de doigts, le pouvoir de mettre instantanément fin à leur existence, un doute se glisse dans son esprit. Et si un tel amour devait permettre à ces deux âmes de lui échapper ? Une passion pure, respectueuse et sincère, comme la leur, permettrait-elle de transcender toute contrainte, voire, de les faire accéder à une forme d’immortalité spirituelle ? La chose serait une véritable insulte pour ce dieu antique. Lui qui s’est toujours cru, jusqu’ici, tout-puissant ; apte qu’il est à emprisonner les âmes dans son infernal royaume, duquel aucune ne s’est jamais vraiment échappée.
Les laissant vivre pour le moment, Thanatos sollicite sortilèges et malédictions, se met à faire pleuvoir problèmes et défis, toujours plus intenses, sur ces amants épanouis et heureux. Constamment, il met à l’épreuve la force et la durabilité du lien qui les unit. Pourtant, en dépit des tourments que ses machinations causent sans répit, la résilience du couple tient en échec, à sa grande surprise, les maléfices dont il les accable tour à tour. Mais Thanatos n’a pas dit son dernier mot, et entend bien multiplier ses stratégies, recourir à tout son puissant arsenal surnaturel, s’il le faut, pour anéantir ce couple qui, sans le vouloir, le tourne en dérision…
La passion sincère qui unit Norbert et Lucia leur permettra-t-elle de déjouer les redoutables et fatidiques manœuvres de Thanatos ? Leur santé, leur amour, leur joie de vivre survivront-ils, face à tant de malédictions successives ? Les amants parviendront-ils à transcender la mort, ou la faucheuse aura-t-elle, comme depuis toujours, le dernier mot ?
D’une appréciable richesse poétique, Textos ardents est un drame aux dialogues émouvants et bien tournés, à l’action pleine de tendresse et se sensualité. L’intrigue regorge de suspense et de rebondissements inattendus. De scène en scène, l’éternel combat de l’amour et de la mort se perpétue, et saura vous tenir en haleine, du début à la fin !
Martin Mercier, PhD
Fondateur du Centre de création scénique
aru dans Lire, Rêver et Partager, 22 avril 2025
Jouvenceflore de Bernard Anton : cadeau de grâce pour l'âme
« Quel cadeau de grâce pour l'âme ne nous as-tu pas offert ! MERCI !!! Le regard que tu poses sur le monde, la société, la Nature... m'a beaucoup étonnée.
Aucune pitié pour l'humanité dévastatrice. Tu donnes une parole aiguisée et tranchée à la Nature. Ta présence lucide, face au monde arrogant et irrespectueux, s'inscrit aujourd'hui, presque trop tard, tel le cri d'alarme que peu d'entre nous ne veulent reconnaître comme réel.
Si les effets bénéfiques de cette magnifique pièce résonnent encore, le travail magistral des interprètes y est assurément pour beaucoup. Quelle belle lecture-inspirante ! Ils ont réussi à transcender le texte, sont entrés dans l'espace du jeu en nous prenant par la main.
Merci encore ! »
Marie Pelletier, compositeure
paru dans Livres du Québec, le 2 mai 2025
Franchir le voile, à quel prix ?
Entretien avec Ma Premo après avoir vu Jouvenceflore de Bernard Anton
Ma Premo (MP) : Cette pièce de théâtre est superbe, magnifique. J’aime bien le parallèle et la complémentarité entre les 2 Tom. Leur rencontre n’est pas fortuite. Elle est écrite dans les étoiles. Leur rendez-vous est planifié pour la floraison de Jouvenceflore. De plus, la langue si poétique de l’auteur, c’est du génie…
Bernard Anton (BA) : Leur histoire évolue vite et devient tragique !
MP : Les 2 Tom n’échappent pas à leur destin. Même s’ils décident ou pensent qu’ils décident de leur sort en optant pour la jeunesse ou pour la richesse, ils ne décident pas.
BA : Mais c’est fataliste !
MP : Impossible de faire autrement que d’embrasser sa destinée avec les vagues qui donnent le vague à l’âme. Les êtres humains ne sont pas maîtres de leur avenir.
BA : Ils ne peuvent pas choisir ?
MP : Ils choisissent, mais ce n’est pas dit que ça va être ça. Ils peuvent rêver de rajeunir. C’est important de rêver… Il y a une force intérieure qui nous maintient jeunes. La jeunesse, c’est la capacité d’émerveillement. C’est l’amour, le rire. Cela garde jeune ! Ils peuvent fabuler, tant qu’ils le souhaitent… Ce serait trop facile si ça se passait comme ça !
BA : Et pourquoi pas ? N’est-ce pas une vision pessimiste ?
MP : Ils perdent leur vie à inventer et à réinventer la vie, alors qu’il faut la vivre. Il faut juste apprendre à vivre sa vie, comme à vivre sa mort. Tu embrasses la vie et tu embrasses la mort qui est inévitable. Ce n’est pas plus compliqué que ça.
BA : Que trouves-tu d’important dans cette pièce ?
MP : Ce qui est important, c’est de partager ses aspirations, ses rêves, ses désirs. Ils se débattent avec leurs croyances et leurs vœux. Ils se débattent contre le vieillissement, les dettes et la mort. Il faut apprendre à lâcher prise. De toute façon, ils ne peuvent pas lutter contre la mort. Ils ne peuvent que l’embrasser. De même pour le vieillissement.
BA : Crois-tu dans le miracle de rajeunir ?
MP : Ils rajeunissent, oui. Mais ils meurent après. Le miracle, qui correspond à leur souhait le plus cher, ne dure pas longtemps. Le plus grand miracle, c’est le miracle de vivre ! Leur instinct de survie les fait crier, hurler, appeler au secours… Une force intérieure formidable les incite à tout faire pour éviter l’abîme.
BA : La Nature nous guérit !
MP : La Nature peut, certes, nous insuffler son énergie de vie et arrêter le processus de mort. Le serpent, symbole de guérison, vient justement les guérir de leur illusion. C’est la réalité ! La révélation de la vraie identité de la fleur éveille leur conscience. L’expérience de l’illumination est alors tellement puissante. Ils meurent, mais les portes s’ouvrent pour eux. Ils franchissent le voile. Léo Ferré chante : « La mort est la sœur de l’amour. C’est la beauté, c’est l’éclair vif... »
BA : Et la fin ?
MP : La fin est très belle. La Nature reprend ses droits, libérée de ses prédateurs. Tout se remet à piailler, librement, « sans entraves ».
paru dans La fureur de lire
17 mai 2025
Paix ensanglantée, quatrième opus de Bernard Anton PhD après sa trilogie sur l’Ukraine, surgit dans un contexte où la guerre impose, encore une fois, une urgence humaine et poétique. Ce recueil se place dans la continuité engagée de l’auteur, déjà connu grâce à Lauriers pour l’Ukraine (2022), Anathema sur l’usurpateur (2023), et Déconfiture des escobars (2023).
Une formule haïku au service d'une cause vitale
Bernard Anton invoque la forme exigeante du haïku — concise mais vibrante — pour porter témoignage des souffrances civiles, de la résistance et de l’urgence de la paix. Fidèle à un art bref et aux images puissantes, l’auteur tisse une poétique de l’instant, éclairante et bouleversante, capable de réveiller en quelques mots intenses (17 syllabes seulement) les consciences assoupies.
Un fou seul décide/de la mort et de la vie/les astres refusent
Engagement littéraire : de l’utopie à l’action
À travers ses vers, Bernard Anton ne se contente pas de décrire l’horreur, il incite à la responsabilité collective. Sa plume se fait arme pacifique, un antidote à la brutalité, visant à réveiller une lucidité humaniste chez ses lecteurs. Loin de l’indifférence ou du souci purement esthétique, l’acte poétique devient colère sacrée, et geste de soutien pour la démocratie, la survie d’un peuple. Ces poèmes se révèlent ainsi un ardent appel à la paix véritable.
Les oiseaux blessés/les astres, la mer, le vent/réclament la paix
La force d’un parcours
Professeur retraité et prolifique, Bernard Anton a bâti une œuvre étendue — plus de cinquante publications — traversant différents genres et formes (poésie, roman, théâtre, essais, matériel pédagogique…). Il est salué dès ses débuts pour son humanisme et qualifié de « magicien des mots » pour sa maîtrise du langage. Il est également l’instigateur du prix Mur de l’Espoir, dédié au haïku.
Une cascade littéraire qui se suit
Avant Paix ensanglantée, Bernard Anton a publié trois ouvrages consacrés à l’Ukraine. Ses haïkus sont saisissants, alliant solidarité et espoir. Ses écrits dénoncent l’invasion tout en offrant des images poignantes et porteuses d’émotion. Sa pièce de théâtre Déconfiture des escobars poursuit aussi un engagement artistique et humaniste en faveur d’une paix juste et équitable.
Couverture : l’image au cœur du message
La page de couverture du recueil Paix ensanglantée, conçue par l’auteur via intelligence artificielle et retouchée, illustre l’amour pour ce pays ravagé. On s’entend s’exclamer spontanément « Ukraine mon amour ! ». Un grand cœur composé de fleurs aux couleurs du drapeau ukrainien, agencé selon le style d’artefact slave, occupe l’ensemble de l’illustration, symbolisant l’amour et la résilience. Une colombe de paix jaune rayonne au milieu et donne encore plus d’espoir aux amateurs d’art et de poésie. Cette image poétique et positive propose un prélude visuel au propos poétique. Elle prépare le lecteur à la sensibilité et à la profondeur du recueil.
Après les orages/le maïs et l’orge debout/le blé à nouveau
En guise de conclusion
Paix ensanglantée s’impose comme une nouvelle étape dans l’engagement littéraire de Bernard Anton. Réunissant la forme littéraire du haïku, la force de conviction et la densité émotionnelle, ce recueil délivre un message clair : la paix, fragile et précieuse, doit être portée et protégée par une conscience collective vigilante.
La poésie, médium brandi contre la guerre, devient avec ce recueil émouvant un instrument de mémoire, d’espoir et de renaissance.
Imposer la paix/revendiquer la justice/rêve du rosier
Voir Portfolio : paixensanglantee.com
Adel Yxir
20 août 2025
https://www.mhentertainment-shop.fr/post/paix-ensanglantee
Bravo pour Paix ensanglantée, recueil de haïkus qui décrit autant qu’il décrie les tristes conséquences de la guerre, ses motivations suspectes, la soif de pouvoir de dirigeants souvent despotiques qui la conduisent.
On y lit les souffrances de peuples souvent impuissants face à des horreurs dépendant de forces qui les dépassent. Ils subissent l'impact de décisions sur lesquelles ils n’ont pas grand contrôle. À n'en pas douter, ces petits poèmes risquent d’en faire réfléchir plus d’un.
La finale constitue une belle ouverture, en offrant une note d’espoir, anticipant la chute de certains tyrans, pour les plus grands bienfaits des peuples opprimés, alors libérés d'un tel joug néfaste.
Martin Mercier, PhD
Fondateur du Centre de création scénique
paru dans Livres du Québec, 5 sept. 2025
L’Amour avec un grand « A »
dans Textos ardents de Bernard Anton
Le titre porte à croire qu’on lira des échanges entre jeunes adultes, adeptes de ce mode de communication que sont les textos. Erreur! Dans ce texte dramaturgique de Bernard Anton, les protagonistes sont autour de la quarantaine et le niveau de leurs échanges relève de la haute voltige. On assiste aux mots d’Amour – le grand ! – entre Norbert, un traducteur québécois et Lucia, une professeure d’espagnol. Elle va initier son amoureux au tantrisme, lequel permet de voir le divin dans l’autre, de l’honorer. En prime, le lecteur accède aux clés tantriques.
« Les gens heureux n’ont pas d’histoire », a dit Tolstoï. Bernard Anton ne semble pas d’accord avec cette assertion puisqu’il fait intervenir un opposant qui créera des obstacles à cet Amour hors norme. Et pas n’importe lequel : Thanatos, le dieu grec de la Mort. Ce dernier n’a jamais connu l’amour et n’y croit pas, alors il veut nuire à celui, si puissant, dont il est témoin. Thanatos concocte douze sorts pour entraver l’Amour entre Lucia et Norbert. Des migraines à la désolation complète, en passant par la jalousie et la maladie, le dieu de la Mort augmente le dosage jusqu’à leur infliger une destinée funeste. Mais l’Amour avec un grand « A » ne meurt pas…
Avec Thanatos, on pourrait nager en pleine tragédie. Toutefois, l’habileté d’Anton, c’est de verser parfois dans le tragicomique. Ainsi, Thanatos affuble de vilains noms les amoureux, surnoms qui se révèlent originaux et cocasses : « petites pestes folichonnes », « mes héros, mes zéros », « mes koalas exquis », « minuscules singes frileux » ou « petit bout de cornichon ». Parfois, Thanatos se drape dans l’arrogance de son statut et crache sur la condition humaine des amoureux : « pauvres blocs d’organes pourris ». Il révèle alors sa véritable nature.
Les échanges ardents de textos pourraient dégouliner de mièvreries convenues. Or, Anton se surpasse et nous assistons à un Amour à la fois très sensuel et très spirituel. Le tantrisme, cette voie spirituelle qui passe par l’amour charnel pour accéder au divin, est bien résumé par Norbert, dès les premières pages :
Tu m’apprendras les grandeurs de l’Amour.
Illumination que nous atteindrons ensemble !
Quelques passages sont carrément sublimes. C’est le cas quand Norbert invite Lucia à l’Amour de manière poétique : « On s’évade encore vers les collines du merveilleux ? On atterrit sur la piste du soleil ? » Spontanément, Lucia répond : « Toujours prête au voyage interstellaire avec toi, éprise de célébrer le cadeau de notre présence ! Oui ! Offrons-nous aux étincelles de l’Amour ! »
Avec Textos ardents, nous plongeons dans une superbe histoire d’Amour, tout en étant initiés au tantrisme par la bande. Nous éprouvons la panoplie des émotions humaines et avons la fugace sensation de faire un tour de montagnes russes tellement Thanatos s’acharne sur les amoureux. En même temps, impossible de ne pas éprouver de compassion pour ce dieu qui ignore tout de l’amour, mais se laisse tenter par un spectacle grandiose.
Dans Textos ardents, Bernard Anton régale notre âme par des perles de sagesse qui nous rapprochent de l’extase de l’Amour éternel.
Marie-France Cyr, Ph.D.
Auteure et chargée de cours à l’UTA
Paru dans Livres du Québec, 13 octobre 2025